TRAIL DES PIQUEURS
TRAILS DES PIQUEURS, St Jean des Ollières ( 63 ), le 24 mars 2013
Le premier objectif da la saison juste achevé (le Challenge Vendée Orientation), Gaëtan m’accompagne sur le second, et pas des moindres puisqu’il s’agit du trail des Piqueurs organisé dans le parc régional du Livradois Forez (Puy de Dôme). C’est pour nous un double défi, puisqu’il s’agit de notre premier trail en montagne, et sur une telle distance. Nous nous sommes inscrits sur le 45 km, qui cumule 2100 de D +. On a donc cherché à se préparer au mieux depuis un peu + de 2 mois. De mon côté, j’ai essayé de respecter au mieux le plan d’entrainement personnalisé concocté par Maitre Nico Pavageau (que je remercie) + quelques sorties ensemble, sur Chaillé et les Herbiers pour travailler lacohésion du binôme.
LE PROGRAMME :
Nous est annoncé, un tracé atypique, mêlant une succession de hors pistes techniques,
des zones isolées et sauvages du Parc Naturel Régional du Livradois Forez
Viendront au fil des kilomètres un certain nombre de passages clés :
- la remontée du vallon des Martinanches, ponctuée par le château des Martinanches et ses douves, le vallon du Miodet, le vallon de l’Osmeau, zone hors piste chaotique à souhait, puis la remontée de la cascade de la Cruche… qui se termine par 60 mètres de tiré de corde « dré dans le pentu », on poursuit ensuite vers le chaos basaltique du Pic de la Garde, puis celui du Courdeloup. Toutes ces portions sont reliées par des sentiers (beaucoup) quelques pistes (peu) et du hors piste (énormément) allant de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. Ca promet !!
DIMANCHE 8H30, on appréhende forcément un peu, mais on est super content d’être là et on
a hâte d’en découdre. On est environ 200 traileurs et traileuses à s’élancer sur le 45 km. Il fait doux, c’est un peu couvert, mais pas de pluie. Il y a 3 ravitos : au 18eme, 30eme, et
40eme km.
De 0 à 18 km :
On part « tranquillou » comme on se l’était dit. Ca descend pas mal au début, ça permet de se chauffer gentiment, même si la première descente sérieuse est un hors piste en forêt tout droit dans le mont. Ca chauffe un peu les cuisses, et c’est spectaculaire. Il faut être bien attentif à là où on met les pieds. Ca discute un peu avec les voisins : « vous venez d’où, c’est votre premier trail en montagne ? C’est le plus dur de la région » nous dit on… Ca ne rassure pas trop. On arrive ensuite au Vallon des Martinanches. Un panneau nous accueille : « vous en sortirez différent » nous annonce-t-il… Ben oui + fatigué c’est sur, c’est une zone hors piste très sauvage, on monte et on descend les monts à pic.
Il y a parfois des cordes d’installées pour nous aider à monter et à descendre. Il faut souvent s’aider des mains pour monter, et les descentes se font parfois sur le c… Première section hors piste intense, on se repose un peu autour du château, puis de nouveau on attaque les pentes et des descentes bien raides du vallon du Miodet. Les paysages sont magnifiques. On retrouve quelques sentiers qui nous amènent jusqu’au premier ravito. Ca fait 2h30 qu’on est parti, et on a fait 18 km… Pourtant, même si on est parti prudemment, on n’a pas eu l’impression de trainer. Il faut oublier nos repères « vendéens » sur le rapport temps/distance. On a 1 h de retard sur le premier gars, et 25’ sur la première féminine, mais on s’en fout un peu, on est au milieu d’un petit groupe sympa.
Du 18eme au 30eme km :
On a pris le temps de boire et manger, et on repart, et rentrons rapidement dans le vallon de l’Osmeau. C’est de nouveau un secteur hors piste bien sauvage, où on serpente le long d’une rivière. Un autre panneau nous prévient : « priorité aux sangliers » . Cool, c’est un secteur pour moi alors…
Ben oui, si j’aime bien faire le sanglier sur les CO vendéennes, ici je ne vaux pas mieux qu’un petit marcassin. Ca monte et ca descend, il y a des rochers, des pierres, des racines, du devers, ça glisse…Il faut toujours être sur le qui-vive, mais c’est toujours aussi joli.
Et puis, un peu après le 20eme km, Gaëtan se prend une bonne buche. Il glisse sur une racine et chute assez lourdement. Sa tête tape la racine. « Ca va, ça va » dit il… Pas de bobo apparent, on continue. Mais en fait ce choc lui a coupé les jambes. Il est dans le dur. Gravir les monts devient de + en + dur, mais il s’accroche. On se dit que ça va passer. On gravit la cascade de la cruche en longeant le torrent. C’est dur mais magnifique.
On enchaine par les 60 m « dré dans le pentu » comme ils disent là bas.
Gaëtan est toujours à la peine, et cette "grimpette" le laisse sans force. On est presque au ravito, mais les derniers mètres sont vraiment durs durs.
Au ravito, on fait le point, et il semble + prudent que Gag en reste là. Grosse déception pour lui ( et pour tous les deux ), mais je pense que c’était la bonne décision. Il reste encore 15 km, et les fameux chaos basaltiques à franchir… On est à 5 h de course.
Du 30eme au 45eme km :
Je repars donc seul. Je sens que les jambes sont encore là. Je double quelques concurrents qui commencent à être dans le dur. A partir du 33 km, ça remonte droit dans le mont sur 300 m puis ça monte encore jusqu’ au pied du chaos du Mont de la Garde. Arrivé au pied, c’est vraiment spectaculaire.
Je grimpe un peu comme je peux, étant donné mon sens de l’équilibre et mon agilité légendaire…. Là haut, la vue est splendide. Et c’est reparti pour une longue descente pas trop technique. Je suis absolument seul, super sensations. Mais les premières douleurs apparaissent vite. Les muscles vont
encore pas mal, mais ce sont les articulations, et notamment les chevilles qui commencent à me faire souffrir. C’est de + en + difficile en descente. Le troisième ravito arrive au 40eme km. Il reste 5,5 km. Je tiens le bon bout, il reste encore l’ascension du dernier chaos basaltique et la descente vers St Jean des Ollières. Pas de grand intérêt sur ce dernier chaos je trouve, car il n’y a plus la surprise du premier, et j’avance vraiment à rien là-dedans. De plus, la redescente est beaucoup plus « casse gueule » que le précédent, d’autant plus que la lucidité est moindre. Il y a des roches partout, des devers, de la boue ++. Les douleurs s’amplifient, j’en viens à attendre les montées pour ne pas souffrir. Ca devient dur, je serre les dents. Je trottine sur les quelques passages un peu roulants. Je frôle les 9 km/h, wahou !!
Enfin, j’aperçois le village, je double même un concurrent dans le dernier sentier, où on a de la boue jusqu’aux mollets. Gaëtan m’attend, on fait les 200 derniers mètres ensemble. Il y a de l’émotion.
Ca y est, j’y suis. Je suis vraiment content.
J’ai bouclé en 7h42.
Le premier a mis 4h30… un autre monde…
Bilan :
Malgré la déception liée à l’abandon de Gag, on est super content de notre week-end. Le trail en montagne, c’était quelque chose que nous ne connaissions pas, et c’est vraiment grandiose. On est sorti de nos sentiers battus, et sommes allés au bout de nous même. On a partagé de super moments, et de belles émotions. Il nous restera de beaux souvenirs de cette aventure sportive.
On en refera, c’est sur, et on espère bien emmener + de monde avec nous…
"Trail des
Piqueurs le 24 Mars 2013 vu par Gaétan
Il y a des dates de courses qui sont marquées sur l'agenda depuis longtemps, et qui, une fois
passées, vont vous marquer pour longtemps.
Le Trail des Piqueurs, ça fait plusieurs mois qu'on le prépare. Pour Eric et moi, c'est un premier essai de trail long en montagne : 45 kms sur le papier (46 en réalité); les entrainements ont été variés et réguliers, ajoutés aux CO du challenge.
C'est donc samedi matin qu'on a pris la direction de l'Auvergne. La course a lieu à St Jean des
Ollières (63) petit village perché sur les contreforts du Forez. Le soir même, on part en repérage du coin, histoire de s'imaginer la course et son profil. Le paysage est très vallonné avec de grandes forêts et des pics. On en profite pour retirer nos dossards. Plus que jamais la motivation est là !
On s’est trouvé une chambre d’hôte super sympa à Billom ( gros bourg médiéval à environ 15 km de St Jean des Ollières ). Le prix est très correcte. Monique et Bernard Alexandre-Marlier, nous on accueilli et cocooné pour que nous soyons au top de notre forme. Merci à eux pour les pâtes, le riz au lait et la compote maison, pour la douche le dimanche, et surtout pour leur accueil et leur gentillesse. Voici leur site .
Le lendemain, le départ est fixé à 8H30. Près de 200 Traileu(ses)rs s'alignent pour le 45 bornes
(il y a aussi une course de 11 et 23 kms). Les coureurs viennent de la France entière (y’a même un américain !) et tous ont l'air particulièrement affutés.
La première partie est plutôt roulante et descendante, mais les chemins boueux ne tardent pas en
sous-bois. Puis les coteaux s'enchainent avec leur lot d'escalades, de boue et de glissades, on s'accroche souvent aux branches. Le trail devient alors très technique, dans un environnement très sauvage; il faut faire attention où on met les pieds et parfois où on met la tête car on rampe sous des troncs d'arbres. C'est difficile mais ludique avec des traversées de ruisseaux, des grimpettes sur les rochers. Nous progressons lentement mais sûrement vers le 1er ravitaillement à 18 kms. On se permet le luxe de prendre des photos, c'est très beau et on se dit qu'on n'y retournera pas avant un moment. Les cascades sont magnifiques.Les oranges et les bananes nous requinquent et notre fatigue n'est que moindre. On attaque la 2 ème phase avec d'autres vallons et toujours ses dévers, ses côtes "dré dansl'pentu" avec ses montées à la corde. Ca dérape, c'est costaud et la concentration se fait sur les pieds.
A 21 kms, c'est la chute pour moi. Je glisse sur une racine cachée et me retrouve les 4 fers en
l'air. Un gros "poc" à la tête mais je rassure Eric ...c'est reparti.
Après le petit coup d'adrénaline provoquée par le gadin, je ressens comme un grand vide et j'ai les jambes "coupées".
"T'inquiète Gag, tu vas te refaire la cerise et dans qlq minutes ça repartira" me dit Eric.
Il faut continuer mais le moral est moins bon. La suite se complique, je suis à la traine, Eric m'aide et me soutient. Plus de jus, je porte ma croix à quelques centaines de mètres du 2ème ravito. Le noyau de la cerise reste coincé... Que faire ? Je veux continuer, mais je perds ma lucidité. La raison l'emportera en apprenant qu'il reste encore 2 grands pics difficiles à gravir.
L'arrêt de la course est comme un crève-cœur pour moi et je dois laisser Eric partir seul. Il a les
guiboles le Rico aujourd'hui !
On se reverra ensuite avant l'arrivée où j'essaye de l'encourager pour les derniers 200 mètres, 2
heures et demi plus tard.
Je suis super heureuxpour lui, il a finit la course en 7H 42 ! Respect Mister T (comprenez
monsieur Trail) !! Mission accomplie pour ton premier grand Trail de montagne. Beaucoup de joie et
aussi beaucoup d'émotions.
Au final, on a passé un week-end formidable malgré mon abandon. Je relativise car c'est ma plus
grosse sortie en Kms et en dénivelé.
Je remercie mon pote Eric qui a été en toute circonstance, un coéquipier parfait, qui n'a jamais
douté de sa "niaque" et qui m'a donné une belle leçon de courage.Comme le dit le proverbe auvergnat: "Petit marcassin dans l'pentu deviendra grand féru..."
Une belle aventure sportive et humaine ... au fait, c'est quand la prochaine ??
Gag
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